Like a swing [libre]

La nuit était tombée depuis deux bonnes heures. Ciel clair et piqueté d’étoiles discrètes, souffle tiède de l’été, silence et calme, tout y était. Ce n’était pas pour rien qu’on leur avait présenté l’endroit comme un petit paradis. A ce qu’elle avait pu constater en traversant le manoir à pas de loup, tous les autres étaient couchés. Ce n’était pas la première fois qu’une furieuse envie de sortir l’empêchait de dormir, elle en avait pris l’habitude. Les sorties en catimini étaient chose courante, de même qu’enfiler des vieilles baskets avec son pyjama. Au risque de croiser un autre insomniaque, elle avait tout de même mis un pantalon. Cigarettes et allumettes du Five and Dime en main, l’adolescente fit coulisser une des portes vitrées et sortit dans le jardin. Elle atteignit la balançoire au bout d’une cinquantaine de mètres, laquelle semblait avoir été plantée là il y a tout juste une semaine. Vérifiant une dernière fois que personne n’était dans les parages, elle glissa les objets dans la couture de son pantalon en toile, à la taille, puis enleva ses chaussures avant de commencer à grimper.

Oui parce que, s’asseoir simplement sur une balançoire instable pour les deux prochaines heures était bien moins attirant que s’installer carrément au dessus de l’édifice (lequel semblait d’ailleurs doublement instable). Plus petite, elle avait fait ce genre de cabrioles des dizaines de fois. Passer sur le côté, sentir la barre de métal glacée contre la plante de ses pieds, puis entre ses doigts, contre son cou tandis qu’elle agrippait les chaînes de la balançoire pour se hisser.
Comme toujours, elle ne dû qu’à un cou de chance monstre de ne pas glisser et se rompre le cou. Toute trace de frayeur passagère fut effacée alors qu’elle s’asseyait plus confortablement sur la barre en fer du haut, sur le côté pour éviter toute mauvaise surprise due au poids (vous avez remarqué comment on est légèrement plus lourd à 17 ans qu’à 10 ?).

Avec les gestes mesurés de quelqu’un qui avait tout son temps et comptait bien profiter de chaque instant jusqu’au matin, elle sortit ses cigarettes et en alluma une, regardant l’allumette se consumer presque entièrement, jusqu’à lui brûler les doigts, avant de la laisser tomber. Elle faisait un peu gargouille installée ici, les détails de son corps cachés par l’obscurité quasi omniprésente. Et c’était parfait. Le noir ne lui avait jamais fait peur. De longues minutes, elle regarda d’excentriques volutes de fumée danser dans l’air pour s’y dissiper avec douceur. Spleen nocturne peut-être, finalement. Elle avait une folle envie de s’échapper d’ici le plus rapidement possible, même si pour ça elle devrait courir plus vite qu’un couple de doberman. Deux semaines, ce n’était pourtant pas si long.

Et pourtant… elle fixait à présent la lueur rougeoyante de la cigarette dans la nuit, qui devait presque éclairer son visage. Elle appuya son pied contre la barre du côté, ne sachant pas vraiment par quel miracle toute la structure ne s’était pas encore écroulée, et comment elle parvenait à garder un semblant d’équilibre. Hey, pourquoi ne pas se casser une jambe en faisant appel à la gravité ? La production serait sans doute obligée de la renvoyer.
Elle eut un vague sourire en coinçant de nouveau le cylindre entre ses lèvres fines, pesant le pour et le contre. La conclusion fut rapide : elle tenait trop à ses jambes. Retour au point de départ. Distraitement, elle commença à enrouler ses doigts dans le tissu de son tee-shirt trop large, comme l’aurait fait n’importe quelle petite fille un brin hyperactive.

Discretemment, Pete passa dans le couloir vide, en direction de la cuisine. Il prit un muffin, en continuant à chercher la caméra du regard. C'était comme une sorte de jeu, trouver où étaient placés les caméras qui les espionneraient les deux prochaines semaines. Une tasse de café, même pas entamée, trônait sur le bar. A moins que celui qui l'ait préparé se réveille dans la seconde, au moment où Pete toucha l'objet, personne ne viendrait la réclamer. Le jeune homme prit une pomme, parmis les tant d'autres fruits diposés, avala son gateau et but le café. Il fit des signes aux endroits où se trouvait les caméras, d'après lui hein.

Ne sachant vraiment que faire, notre jeune candidat fit les cents pas dans le hall, quand un bruit attira son attention. Une sorte de petit grincemment. Peu après qu'il eut tourné la tête, une petite lumière l'obligea à sortir pour voir qui c'était. Pete s'approcha d'une forme assise sur la balançoire. Qui ça pouvait être? Les garçons dormaient tous, ou bien l'un d'eux s'était réveillé dans la nuit. Quand aux filles..... Pas moyens de le savoir. Les étoiles, et la lune éclairait faiblemment l'immense jardin où se trouvait Pete et l'autre personne. Il s'avança sans bruit, et s'arrêta en face de..... la fille au crane rasé.

Elle n'était que très légèremment vêtue, tout comme lui. Il ne fesait pas très chaud, mais on n'en était pas encore au froid articque. Le calme et le silence reignaient, jusqu'à ce que Pete demande

"Salut..... Qu'est-ce que tu fais ici?"

D'un ton las et monotone. Finalemment, Pete se demanda si briser le silence avait été une bonne idée. Il croqua dans sa pomme tout en fixant un ver qui creusait son trou. Comment Vanessa avait-elle pu monter là dessus au fait? Et comment cet objet tenait encore sous son poids? Ok elle ne devait pas être très lourde, mais tout de même.....
Pete remarqua le paquet de cigarettes et d'allumettes, venant du Five And Dime. C'est vrai qu'une petite clope c'était pas de refus. Il croqua dans sa pomme avant de tendre sa main droite

"Tu partages?"

Ses yeux se fermèrent à moitié ; elle pencha la tête vers l’arrière en expirant lentement. C’était toujours ça qui manquait : le calme. Curieusement, il ne pouvait être vraiment trouvé que la nuit, quand tous ces bons petits soldats de la consommation étaient endormis ou complètement shootés dans une cave. Au moment où elle faisait machinalement craquer son épaule droite, quelque chose attira son attention. Ce n’était pas vraiment un mouvement, car il faisait trop sombre pour voir quoi que ce soit à plus de dix mètres, ni un bruit particulier. C’est seulement en se concentrant sur un endroit précis, les paupières toujours à moitié closes, qu’elle crut discerner ce qui ressemblaient à des pas. Le court « Salut… » qui brisa le silence fit disparaître ses derniers doutes. Elle soupira, vaguement déçue et agacée d’être dérangée. Mais il fallait s’y attendre. Elle baissa la tête vers lui, ne percevant que quelques détails. Oh génial… sentant son agacement redoubler tandis qu’il lui posait une question ô combien originale, elle fit de nouveau craquer son épaule. Mal lui en prit, puisque cette dernière n’eut pas l’air d’apprécier. Une douleur cinglante passa dans son bras puis remonta dans son cou. Elle grinça des dents, maudissant intérieurement… des tas de choses, à commencer par le perturbateur.

_ Réunion spirituelle avec Dieu. C’est privé.

Sa voix était glaciale, un tantinet mesquine, aiguisée d’un agacement certain. Que voulez-vous, son mauvais caractère était tenace. Il avait eut tout à fait raison de se poser des questions sur le calme qu’il venait de rompre, puisque l’adolescente était à présent dans ce que l’on pourrait aisément qualifier de « phase de rogne ». En clair, elle était loin d’être réceptive à toute forme d’échange avec un quelconque être vivant, encore moins humain, encore moins masculin, encore moins avec cet humain masculin là. Le pire, c’est qu’il ne partit pas tout de suite. Elle savait son calme poétique perdu à jamais, envoyé dans les limbes des moments de sérénité avec les autres par la voix monotone de Pete, mais conservait toujours une envie lancinante de rester seule. Partager quoi ? Elle baissa les yeux vers son paquet, expirant lentement la fumée qui caressa insensiblement son visage. Parfaitement consciente de passer encore pour un animal enragé particulièrement virulent, elle inspira une nouvelle bouffée de tabac avant de répondre.

_ J’ai la gueule de quelqu'un qui veut partager ses clopes ?

Elle arqua un sourcil, comme si la réponse coulait de source, suivit d’un signe de tête explicite vers le manoir. Lentement, elle rangea les paquets dans la ceinture de son pantalon tout en continuant.

_ Vas te coucher… (elle remarqua, par une faible lumière, son air débraillé, cette attittude détachée un brin stone)… Davy Crockett, c’est pas une heure pour sortir.

Un léger sifflement s’échappa de ses lèvres en même temps que de légères volutes de fumée, dernier avertissement. Quelle poisse. D’abord ce jeu stupide et maintenant… quoi, n’allez pas encore dire qu’elle était méchante ou quoi que ce soit d’autre. Elle avait entendu parler de filles dans l’Upper, bien plus cruelles. D’ailleurs, la jeune femme n’était même pas à classer dans la catégorie « cruelles » ; plutôt « glaçon ». Bref, c’est on ne peut plus glaciale qu’elle cessa de le regarder pour se replonger dans la contemplation d’un ciel légèrement moins brillant que tout à l’heure.

« Assise sur son arbre perché, Stewarts tenait en son bec une cigarette aux allures peu illicite..»
L'histoire aurait pu commencer ainsi mais loin de nous l'idée de faire l'éloge d'une drogue quelle qu'elle soit. Et de toute manière la formule à déjà était déposé il y a de cela bien longtemps.. par conséquent contentons-nous de la simple description d'une blondinette au cheveux atrocement en bataille et dont les vêtements de grand créateurs semblaient être tout droit sortie de la plus médiocre décharge publique. Assise les jambes ballants et les cheveux au vent, notre grunge contemplait le ciel brumeux l'air de rien.

Vu / Cachée ; Cachée / Vu ; Cachée / Cachée
La lune jouait à cache cache avec les nuages, au moins elle s'amusait Elle car pour le moment Key n'avait pas encore trouvée une once d'amusement dans ce manoir. Syndrome d'enfant gâté vous dirons certains. Et pourtant la majorité des autres gosse de riche de l'Uppert semblait être comme des poissons dans l'eau. A l'intérieur tous profitaient de la petite fête organisé par la production pour fêter le début de l'aventure. Il n'était pas un secret que Kenzie Stewarts n'avait jamais adhérer à ce monde et à ce mode de vie. Elle se disait que quitte à se faire chier autant le faire dehors sur un arbre et sans tout ces demeurés. Ici, elle pouvait au moins se délecter du seul moyen de distraction qu'elle avait sous la main..

Ce soir là, la tendance semblait être à l'élévation. Pour Kenzie la dites élévation était des plus exhaustive tant au plan physique que psychosomatique.
Elle n'était apparemment pas la seule à s'être exiler de la petite fiesta, puisqu'elle entendit des bruits de pas frottant le gravier. De là où elle était et a travers ce dense feuillage, elle ne voyait qu'une paire de Doc Marteens. Peut-être que la production avait engagée un Casper fan de Doc Marteens. De toute manière, elle se foutait bien de qui cela pouvait être puisque le but d'un exil c'était bien de jouer les ermites n'est-ce pas ? Par conséquent, Casper et elle n'avaient pas besoin de se parler.

Tirant de nouveau sur sa clope, la jeune fille s'enfonça un peu plus contre le tronc de l'arbre, histoire d'être certaine qu'on ne la voit pas. Seule l'odeur douteuse de plante était capable trahir sa présence. Elle aurait du se douter que la clic, Gattina, Warldof, Evans et autre teubé du genre ferait partie de l'aventure.. quelle idiote elle était sérieusement pour s'être laisser embarquée dans ce pétrin.
L'adolescente colla sa tête contre l'écorce et ferma les yeux.
Elle ouvrit rapidement un oeil.. C'était quoi ce bruit ?!

C'est pas le moment de me lâcher hein ?! murmurât-elle à l'arbre en le tapotant de la paume de sa main..

Distraite à dialoguer avec "son" arbre, elle ne remarqua pas la présence du second trouble fait. Il fallait qu'elle descende de là, sans se faire griller, mais avant qu'elle ne s'apprête à descendre quelque chose l'interpella. La voix de la fille lui était étrangement familière. Elle fronça des yeux afin de mieux se concentrer..
Cette voix glacial, elle ne l'avait entendu qu'une seule fois et c'était à Tijuana. Pour être franc Key ne se souvenait plus trop de ce qu'il s'était passé à Tijuana, si ce n'est qu'elle était bourrée et qu'elle et un autre fille tout aussi cinglée qu'elle, s'en sont prit à ce pauvre Mac Alistair. Bien sur ensuite, ils avaient tous du s'allier pour fuir un vieille mexicaine complètement déjanté et son redoutable fusil.. Mais mis à part ça : trou noir. Elle ne savait ni comment s'était terminé cette épisode, ni l'identité de sa jumelle cinglé.. Mais pas le temps de résoudre l'enquête sur : qui était cette fille et sur qui était les deux autres exilés du parc. La branche grinça de nouveau et Kenzie fit une énorme chute d'au moins deux mètres s'écrasant violemment sur le sol.

Je suis vivante ou morte ? Consciente ou endormie ? Et pourquoi mon poignet s'en est aller ? Il est partie où.. Vous êtes qui vous ? Et pourquoi il y a des oiseau qui font cui-cui..?? C'était Casper c'est ça, il voulait me faire un signe.. Pour que je vienne le rejoindre ?
Vous êtes des anges ?

Pauvre gosse...

La poisse.. On vous l'avez dit !

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