Hello, Yale [libre]

« Ne me contactes pas, c’est moi qui te contacterais ».

Telle était la dernière phrase adressée par sa personne à une fille qui s’était apparemment intéressée à lui, sûrement parce qu’il sortait tout juste d’une émission de téléréalité interminable. Du genre qui faisait se demander pourquoi on y était entré. Mais résultat : Dan se faisait dévisager dans les rues de New York, et certains types venaient lui taper sur l’épaule, avec des « Bon boulot, mon garçon ». Heureusement qu’il ne profitait pas de la situation. C’était vrai, avec l’argent reçu à la fin de ce show à la noix, il avait pu financer sa place à Yale. Et avait escompté qu’on vienne lui demander de publier ses poèmes. La seule proposition qui avait été obtenue venait tout droit d’un magasine de pêche.

« Votre poème sur les crevettes fourrées irait à merveille illustrer la page cuisine de notre magasine » Whoah.

Non pas.

Il avait dit qu’il y réfléchirait, de toutes façons, il avait assez de fric pour publier ses poèmes en free lance. Ce qu’il ne ferai pas, bien évidemment : il aimait Rufus, son père, mais n’avait aucune envie de finir bedonnant et membre d’un cercles de poètes ratés. Non merci.

Et à présent il était là, debout dans le hall de l’académie de Yale, avec une demi journée à tirer durant laquelle il découvrirait les lieux. Il sentait déjà le bonheur lui griller les tripes. Vêtu d’une petite chemise blanche, d’un polo vert marais à motifs verdâtres et d’un jean noir, il avait son carnet bien calé dans un petit sac à bandouillère et une envie déjà pressante de cigarette.
Résistant à l’envie de se mettre à écrire les premiers mots d’un nouveau poème, il se mit à regarder les lieux, l’air hagard. Sympas, le design, fallait aimer le style coincé quoi.

Tout ça n’avait rien à voir avec la fille qu’il devait contacter. Mais bon, par quoi allait-il pouvoir commencer? Suivre un des élèves pressés qui passait de droite et de gauche? Possible.

[Je peux? ^^]

Yale. Hilarie était à Yale. Si on lui aurait dit qu’elle irait à Yale 1 an auparavant, Hil’ aurait rit. Tout le monde ou presque savait bien que son rêve était d’aller à Cambridge au Royaume-Uni et quitter New York et les États-Unis pour plusieurs années. Elle n’arrêtait pas de casser les oreilles de sa famille avec cela. Alors, que faisait-elle à Yale? Ses parents n’avaient jamais été bien chauds à cette idée d’envoyer leur cadette seule dans un pays qu’elle n’avait pas visité depuis des années. Donc pour leur faire plaisir, Hilarie avait aussi postulé à des universités telles que Princeton, Cornell, Yale et UCLA. Elle avait été retenue partout en plus de Cambridge et la jeune fille avait pensé que ses parents flancheraient à force de supplications mais non. Pour l’une des première fois de sa vie, ses parents avaient tenus leur bout et avaient refusé catégoriquement. Ils lui avaient dit qu’elle pouvait bien y aller si elle le voulait mais ils ne paieraient pas. La brunette avait bien pensé en faire à sa tête et y aller tout de même. Jamais Lynne et Jérémie n’auraient laissé partir leur petite fille sans le sous mais les deux adultes avaient semblé plus que sérieux. Cela avait fâché la jeune fille qui se faisait rarement refusé quoi que ce soit. Lorsqu’elle s’était calmée, elle avait finalement décidé d’aller à Yale. Université à laquelle Charlie avait été curieusement reçu lui aussi et qui avait tout de même un bon programme d’architecture.

Quoi qu’il en soit la jeune Dern se trouvait dans les couloirs de Yale ne sachant pas trop où aller. Que c’était grand! Elle l’avait toujours su mais pas autant. C’était très impressionnant. Elle cherchait la bibliothèque. Son père lui avait dit qu’elle était gigantesque et qu’elle devait absolument aller la voir en arrivant. Elle était même plutôt intimidée. Surtout qu’elle était plus jeune que la moyenne et n’aurait que ses 18 ans dans un peu plus d’un mois. Elle n’osait pas approcher les étudiants pour leur demander le chemin. On lui avait donné une carte à son arrivée mais elle avait dû l’oublier quelque part car elle ne le trouvait pas et les cartes sur les murs ne l’indiquaient pas. Elle ne devait pas se trouver dans la bonne aile.

Elle tourna un coin et aperçu un garçon qui lui disait vaguement quelque chose. Elle s’approcha de lui et le reconnu aussitôt. Elle avait écouté Ystoria Valley religieusement.

"Salut!"

Lui lança-t-elle d’une voix un peu trop joviale à son goût. Après tout, elle, elle le connaissait plus que lui ne la connaissait mais en fait elle ne le connaissait pas du tout mais c’était l’impression qu’elle avait pour l’avoir vu à la télé.

"Euh scuse…tu sais où se trouve la bibliothèque?"

Comme si Hilarie ne savait pas qui il était. Pour ne pas connaître Daniel Humphrey, il fallait avoir vécu dans un abri atomique sous terre sur la planète Mars pendant le dernier mois car cet été il avait été partout. Même si la télé-réalité n’avait pas duré très longtemps, tout ce qui n’était pas soit aveugle, sans télévision ou animal savait qui était le poète bizarroïde de l’émission. Encore là, ceux dans le dernier cas avaient tout de même les journaux et les magasines. Même les animaux devaient savoir de qui il s’agissait. Bref, il n’y avait pas grand monde qui n’était pas au courant de l’existence du jeune garçon.

"Oh je sais qui tu es!!!"

Répondit-elle rapidement dans un rire un peu idiot. Hil’ se maudissait intérieurement pour être aussi stupide devant une pseudo-star. Oui bon après tout, elle devait montrer qu’elle était plus intelligente que les autres de son âge étant donné qu’elle était à l’université à dix-sept ans! Ce n’était pas rien. Et à agir ainsi, elle ne démontrait aucune maturité. Et puis, Dan n’était même pas une vraie vedette. On pouvait même le décrire comme étant un anti-star puisqu’il n’avait pas grand-chose pour être qualifié de vedette.

"Euh…je veux dire. Enchantée. Moi c’est Hilarie."

Se reprit-elle en entortillant une mèche de cheveux autour de son index et en évitant le regard de l’auteur. Il était plus mignon en vrai qu’à la télé même si c’était loin d’être un canon. Il semblait aussi plus maigre mais il avait un très joli sourire. Chose que la brunette n’avait pas vraiment vu à la télé. Il paraissait autant perdu et excentrique que dans l’émission.


Il ne savait pas où trouvait la bibliothèque lui non plus. Pourtant, elle aurait pensé que saurait été la première destination de l’écrivain, du moins de ce qu’elle connaissait du garçon. Dan lui proposa de l’aider à chercher. Elle trouva cela surprenant. Pendant le reality-show, il n’avait pas vraiment démontré beaucoup d’attention aux autres. Il fallait vraiment qu’elle ôte ses images de sa tête. Peut-être que Dan n’était pas du tout comme ça en réalité. Peut-être que ce n’était qu’un rôle pour vendre le show. Il fallait qu’elle fasse comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. Mais c’était siiii difficile! Elle se trouvait tout de même à quelque centimètre d’une personne célèbre!

"Oh c’est gentil de ta part! Mais je ne veux pas te retarder dans…peu importe ce que tu avais prévu"