Enfermés? [Gabrielle]

Que faisait-il dans la bibliothèque de Yale, dans la salle consacrée à l’ornithologie, alors qu’il détestait lire, petit a, et qu’il détestait les endroits fréquentés par toute une population de petits intellos à grosse tête, petit b?
Non, la majeure Histoire ne traitait pas encore des oiseaux, et de toutes manières, Adrian détestait les volatiles. Qui, selon lui, ne servaient à rien d’autre qu’à piailler et… Vous connaissez la suite.
Mais il y avait une chose qui n’avait été remarquée que par très peu d’élèves. La salle d’ornithologie. Décorée par deux ou trois hérons empaillés qui trônaient fièrement sur leur socle en bois, elle était placée tout au fond de l’étage le moins fréquenté de Yale. LA planque parfaite.

N’importe qui aurait pu le déranger dans une salle vide, au détour d’un couloir, il faisait beaucoup trop froid à l’extérieur pour qu’il songe à aller se planquer dans un arbre, et chacun savait que ce qu’un établissement avait de pire, c’étaient des élèves fouineurs.

Assis à une table poussiéreuse, caché dernière la série des 56 volumes format géant de « L’encyclopédia universalis : nos amis les oiseaux », Adrian était endormi, prenant ainsi l’apparence d’un petit angelot descendu du ciel spécialement pour venir occuper cet endroit, afin qu’il ne reste pas seul.
Dormir en cours. Qui ne l’avait jamais fait lui jette la première pierre. Et ça n’était pas comme si il était vraiment en cours. Son colocataire était toujours là, et Adrian détestait dormir devant public, il avait l’impression d’être épié, depuis le jour ou son professeur de chimie l’avait prit en photo qu’il avait affiché sur son tableau, lors de l’année de quatrième. Inutile de dire que c’était dramatique.

Et il dormait plutôt profondément, ainsi assuré qu’on ne le surprendrait pas… Si bien qu’il ne vit pas le temps passer. Rappelons le pour les nouveaux et les ignorants, la bibliothèque fermait à 22 heures. A 21 heures 45 situé dans l’aile la plus reculée des lieux, le jeune homme n’entendait nullement les micros annonçant la fermeture proche. Au contraire, paisible, il se prélassait dans les bras de Morphée. Pauvre garçon… Vraiment?

« Bien, Mademoiselle Klein. Une de vos camarades m’a proposé vos services pour m’aider à ranger la bibliothèque ce soir, je vous attends donc au tournant. »

La demoiselle en question tourna de grands yeux vers la dame aux grandes lunettes, occupant apparemment le poste de bibliothécaire de Yale. Avait elle bien entendu ? Gabrielle eut pendant un instant l’idée de se pincer, histoire de voir si oui ou non ceci était un cauchemar, non que ranger quelques bouquins la dérangea vraiment, mais tout le monde sait, ou en tout cas ceux qui connaisse l’existence de la bibliothèque, que ce rangement ne se résumerait pas à « quelques bouquins » Finalement, il ne lui suffit pas de lâcher des : des ennemis, je vous dis ! Pourquoi ne me croyez vous pas ?! , pour trouver secours, et tranquillité, elle n’eut d’autre choix que d’accepter. Et l’évidence se posait maintenant à elle, comme une pomme lui tombant sur le crâne : la malchance, la poisse, bref appelait ça comme vous voulez, ne l’avait toujours pas quitté. Et les nombreux gris-gris n’y avaient rien fait.

C’est ainsi qu’elle se retrouva, liste en main, devant une immense étagère de livres qui devaient faire le double de sa taille. Non qu’elle soit soumit à un complexe d’infériorité, mais être comme emprisonnée par de nombreux livres qu’elle connaissait à peine n’étaient pas très… Agréable, même pour une amoureuse de la littérature comme elle. Gabrielle re-jeta alors un regard se voulant menaçant contre cette maudite liste. Liste qui lui aurait donné de même un complexe d’infériorité… Si elle avait ce genre de problème, bien entendu. Elle la déroula et… Se reprit pour ne pas tomber dans les pommes, pousser un cri de pintades, mais eut néanmoins les yeux exorbités. Une vie… Une vie… A faire ça. Bon, il est certes vrai que sa vie sociale n’était pas très remplie, mais il y avait des limites à ne pas dépasser avec les livres, tout de même, non ?

Grognant à tout bout de champs pendant les deux premiers heures. Elle attendait impatiemment la venue de quelqu’un, pour lui refiler la tâche ingrate. Et pendant ces deux heures, dieu seul sait le petit numéro qu’elle s’était fait dans sa tête. Pire que quelqu’un qui pratique le porte à porte pour vous vendre quelque chose dont vous n’avez nullement besoin. Mais, pauvre petite, elle n’eut pas la chance de passer à l’action, et elle soupçonna madame Sarkwos de barrer l’entrée à quiconque pourrait lui venir en aide. Finalement, elle baissa les bras, et se mit plus sérieusement à cette tâche.

Finalement, elle arriva dans une pièce de la bibliothèque qu’elle n’aurait pas soupçonnée d’exister. C’était un peu sombre, les lampes suspendues provoquait une espèce de lumière tamisée, et c’était à se demander comment on pouvait lire dans une pièce pareil. Soudain (soudainement oui, parce que la pauvre, après tant de temps passé ici en rangeant des livres, sous cerveau s’est mit en second plan), elle aperçoit une… non deux… TROIS énormes piles de livres. C’est alors qu’elle se promet, après ce rangement, d’hanter la bibliothèque et de punir chaque personne laissant traîner des choses comme ça… Enfin, à supposer qu’elle ne tombe pas raide morte après tant d’effort de la part d’une paresseuse qu’elle était à outrance.

Elle jeta un coup d’œil à la pile de livre. Sur les oiseaux. Ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux. Mais un livre tout en dessous d’une pile attira son attention. Sans prendre garde, elle le tira, sans aucune délicatesse, n’entendit pas le gros boum qui retenti, l’examina, et se rendit compte que ce n’était pas du tout le livre qu’elle pensait trouver, mais plutôt un truc renseignant sur les perroquets, et comment leur apprendre ceci et cela. Déçue, elle le reposa. Et entreprit de le ranger plus tard, quand elle entendit un grognement provenait de sous la pile de livre lourdement écrasées… Hum, il était quelle heure déjà ?

Pourquoi n’était-il pas un simple heu… Ouvrier. Les ouvriers étaient tranquilles, eux. Ils n’avaient à se farcir des cours interminables et produisaient vraiment quelque chose, au lieu de se contenter d’y penser. Pourrir dans une université, telle était sa destinée pour les cinq ans à venir. La seule volonté de ses parents, du moins la seule qu’il se devait de respecter. Après, il n’était pas obligé d’obtenir des résultats exemplaires, il avait un futur tout tracé… Et pour le présent? Dormir dans une bibliothèque jusqu’à son prochain cours… D’ailleurs il dormait depuis bien… Trois ou quatre heures? Inutile de dire que le cour de 20 heures 30 sur la préhistoire et ses conséquences était terminé depuis belle lurette. Enfin, tant qu’il n’en prenait pas conscience…
Qu’avait-il fait la nuit précédente pour être aussi fatigué? Il était allé à New York, à une fête donnée dans le Bronx par un de amis de lycée. Il avait quitté la fête à huit heures du matin, avait roulé durant les deux heures qui le séparaient du Connecticut, et donc de Yale, et était arrivé en cours à 11 heures pile, pour une série de sept heures de cours interminables, pour ensuite aller se réfugier dans son lieu de prédilection : l’espace ornithologie de la bibliothèque.

Son espace.

Il dormait pourtant si bien… Il avait dormi depuis le moment sa tête avait touché la table de bois. Malgré son éducation on ne pouvait plus prestigieuse, il avait su garder le goût des choses simple, n’est ce pas?

Enfin, de toute manières, son doux sommeil fut brisé par un bruit sourd à coté de sa tête : le premier livre. Un autre, et…

_ Aïe! C’est quoi ce bordel?

Adrian se redressa brusquement, encore hébété, regardant autour de lui dans l’espoir de voir une raison quelconque expliquant le fait que sa tête lui faisait un mal de chien.
Mais l’explication ne tarda pas… Une fille, brune, très jolie, mais apparemment pas très vive ( ! ) se trouvait dans la pièce.

_ C’est quoi ton problème? Ça t’arrive souvent de… déranger les gens en plein travail?

Ben qui, après tout il avait encore sur la joue la marque de son bouquin de géographie de l’espace.
Et non, il n’était pas d’humeur à être sociale. Au réveil, qui l’était?

[ ]

Un grognement qui l’a fit d’ailleurs sursauter. Non que Gabrielle fasse partie du genre de personne à sursauter pour rien dans les conditions qu’imposait une bibliothèque à… 21H59. Elle écarquilla les yeux sur sa montre, puis se tranquillisa quand elle se rendit compte qu’elle possédait bien les clés de cette forteresse de solitude. Cela mise à part, je vous souligne que oui, elle avait bien pendant au moins 5 bonnes minutes oublié l’existence de ce grognement, de sa provenance. Ou, nous dirons plutôt qu’elle l’avait passé au second plan. Mais une voix grave vint la rappeler à la raison. Elle lâcha de gros yeux vers cette chose qui émergeait de sous ces piles de livre. Etonnée, c’était le cas de le dire. Et ce fut au jeune homme d’adresser des yeux de poissons rouges à la pièce, cherchant certainement LA chose qui avait osé troubler son sommeil avec tant de maladresse.


« C’est quoi ton problème? Ça t’arrive souvent de… déranger les gens en plein travail? »

Tout d’un coup, ses immenses yeux se rétrécirent, pour accueillir une taille normale, et à la place, apparut un froncement de sourcil. Froncement qui n’évoquait pas de la colère mais plutôt une interrogation sincère et énervante. L’incompréhension était énervante pour chaque personne la côtoyant, alors imaginez un peu le froncement de sourcil exagéré qu’arborait Gabrielle. C’était comme un petit lutin, excepté qu’il n’avait rien des grandes oreilles pointues, et non plus le grand sourire. Au contraire, un ours réveillé en pleine hibernation aurait mieux collé au portrait du jeune homme en cet instant.

« Pour tout te dire, ça m’arrive souvent de déranger des gens qui somnolent dans une bibliothèque alors que l’heure de fermeture est imminente… Je fais même ça tous les jours. C’est ma raison de vivre, je dirais même. »

Gabrielle, plutôt calme contrairement à ses habitudes, re-jeta un coup d’œil à sa montre. 22H05. Elle allait l’entendre, madame Sarkwos, la faire attendre comme ça, lui dirait elle, n’est pas digne d’une bibliothèque à lunette digne de ce nom. Non mais. Finalement, elle remit son attention sur l’ours brun. D’un regard un peu rempli de… Non, je n’irai pas jusqu'à dire de la pitié, parce que cet ours, vous disais je, n’avait aucun atout pour vous choper une petite larmichette. D’ailleurs, Gabrielle n’appréciait pas les gens qui n’étaient pas aimable au réveil. Parce qu’elle, contrairement aux autres ne l’étaient pas… Donc, le meurtre de son réveil ne compte pas, bien entendu…

« Bon, je crois pas être ici pour m’occuper d’une garderie, donc, si ça ne te pose aucun problème, bien entendu, je t’indique le chemin de la sortie, t’ouvres la porte, et aurevoir. »

Gabrielle plongea alors sa main dans sa poche arrière, peu désireuse de passer le restant de sa vie avec un ours mal réveillé, et… Et… Pas de clé… Pardon ? Oui, j’ai dis, pas de petit objet qui pourrait servir à ouvrir une porte…

Un rat de bibliothèque. Il se trouvait en face d’un rat de bibliothèque, voilà, c’était dit. Sans commentaires, on ne se moquait pas, c’était même beaucoup trop évident. Vous connaissez sa définition des rats de bibliothèques? Des emmerdeurs, tous. Ils pensaient que sous prétexte qu’ils avaient lu beaucoup plus de bouquin que les autres, ils étaient maître en ces lieux.

Sa raison de vivre, hein?

_ Ça ne m’étonne même pas . Tout à fait le genre fille coincée, aucun plaisir réel, vivant à travers les bouquins, sans le moindre goût pour l’action, et dont le seul but dans la vie était de savoir si Catherine Bennett allait finir avec Darcy. Gerbante vision, si vous voulez tout savoir. Non qu’Adrian se moque d’ailleurs de ce qu’ils se passait dans la vie de cette nana un peu trop lettrée pour lui. Il était juste antipathique avec tout le monde. Voire même un peu trop critique.

Comment ça l’heure de la fermeture? Il jeta un coup d’œil à sa montre. Bordel, 22heures passées. Il avait loupé LE cours. Il était près pour la chaise électrique, voire pire. Bref, il était passible de très lourde peine, compte tenu qu’en un mois, il ne s’y était pas rendu une seule fois. Pourquoi? Parce qu’il se retrouvait toujours dans des galères le lundi soir. A-bé-rant.

Il se leva d’un bond. Enfin, ça ne servait plus à rien maintenant… Il attrapa son trieur, n’ayant jamais daigné investir dans un sac à dos, enfila sa veste de vieux cuir par-dessus son tee-shirt, et reposa les yeux sur la jeune femme qui semblait trépigner de le voir partir.

_Ouais c’est ça, laisse moi sortir petit rat. Faudrait peut-être songer à ranger tout ça d’ailleurs, parce que tu fais pas vraiment du bon travail.


Non, ça n’était ni un ordre, ni un conseil, plutôt un commentaire qui n’attendait de réponse. D’ailleurs, restait même à savoir si elle en comprendrait le sens; On s’en fichait, là n’était pas la question.

_ Attend, pourquoi tu as cet air là?

Oh pauvre petite chose, l’avait-il vexée? Car pas une seule seconde le jeune homme ne songea à ce qu’elle ait pu perdre la clé. Voyons, c’était impossible, rendez vous compte : La bibliothèque de Yale était l’un des seuls endroits de l’illustre université à être d’origine. Comprendre que ses fenêtres étaient genre des vitraux, que ses portes étaient toutes munies d’une serrure et non d’un système magique d’ouverture par l’intérieur. Les précautions anti-incendie n’étaient pas vraiment respectées, mais en tant normal, personne n’était sensé rester enfermé après 22 heures.

« Ça ne m’étonne même pas ». Répondit l’ours brun sortant d’une hibernation dans des bouquins portant sur des oiseaux… Pardon, je veux dire le beau jeune homme qui s’était malencontreusement assoupis sur ses livres de classes, conséquence d’un épuisement ultime dut à trop de travail. Gabrielle ne s’obligeait nullement à éclairer son visage d’un lumineux sourire, puisque la question : quel en aurait été l’intérêt la heurta. Il est vrai que la plus part du temps, les gens pensent tout d’abord à eux, à leur intérêt, ceci influant sur leurs choix. Gabrielle ne dérogeait pas à la règle. Bien qu’on ne puisse pas réellement la qualifier d’égoïste.

« N’oubliez surtout pas la clé, mademoiselle Klein. Il se peut que… Oh, de toute façon, je serais avec vous. Mais faîtes tout de même attention, je sais combien les gens de nos jours ont la tête dans les nuages… Ah ! La jeunesse, moi quand… » Voilà ce qui revenait à l’esprit de Gabrielle, boussillant tout sur son passage, telle de l’acide. (Seulement ça, puisque les passages de la vie ô combien interessante de M. Bibliothèquaire à lunette, avait disparus de sa mémoire.) Tout c'est-à-dire aussi sa politesse. Mais de toute façon, à quoi cela aurait pu lui servir d’être si poli avec un… Arrêtons la comparaison avec un ours.

L’ours se leva lourdement de sa chaise, puisque auparavant avachis… Pardon, réflexe. Le jeune homme se leva gracieusement de sa chaise, ne faisant pas attention à la jeune fille qui, d’un regard un peu angoissé, continuait à chercher frénétiquement dans ses poches arrière. Puis des paroles retentirent, brisant sa concentration et la détournant de sa frustration pendant un court instant.

_ Attend, pourquoi tu as cet air là? Lui demanda t’il, un éclat dans les yeux très énervant, soulignons le. Il dût croire que ce regard rempli à présent d’angoisse trouvait source dans ses paroles, ou dans ses grognements, plutôt. Sans lui répondre, elle jeta un coup d’œil, encadrant la pièce du regard. Avalant sa salive, elle remit son attention tout entière sur lui.

« Cher ourson grognon, je vais t’expliquer en détail pourquoi j’ai cet air là. C’est plutôt simple, et je pense que même toi tu peux comprendre. Elle sortie sa main, qui était fourrée dans sa poche arrière. Fermée, elle laissa au jeune homme le temps de l’examiner rapidement, puis elle l’ouvrit, laissant à la vie du jeune homme une main vide. Je n’ai pas les clés, ou plutôt je n’ai pu. »

Elle rangea sa main dans ses poches. Le silence de cette pièce en était presque flippant. Je dis bien presque. Silence qui était dût très certainement à la surprise de ce jeune homme, apprenant un fait qui méritait son importance. Importance non négligeable, puisque pendant son inspection, Gabrielle avait pu se rendre compte que les fenêtres étaient scellées. Ils ne leur restait plus qu’à… Trouver un passage secret ? Encore fallait il espérait qu’il y en aient… Mais voyons, chers amis, il y a toujours ce genre de choses dans ce genre d’endroit. (Quelles précisions sur les circonstances de ces passages !)

En temps normal. Hélas, il était piégé, semblait-il. Le « cher ourson grognon » de la jeune fille récolta un regard sceptique quelque peu supérieur, ajouté d’ailleurs à un air on ne pouvait plus dédaigneux. Ok, il avait donc affaire à la petite Alice qui semblait tout voir d’un point de vue positif et joyeux. Elle lui tendit son point fermé, poing qu’Adrian observa quelques secondes d’un air sceptique avant de noter un point de vue important lorsqu’elle l’ouvrit. Il était vide. Très intéressante méthode de compréhension

_Tu te fiches de moi?

Ok, il était de nature nerveuse, même vraiment nerveuse. Pas de chance, il se retrouvait enfermé avec mère Térésa. Comme si il n’avait que ça a faire. La phrase qu’il avait réussi à sortir était à double sens : non seulement elle se fichait de lui, quand à la comparaison stupide de l’absence de clé avec un mouvement ironique, (petite parenthèse personnelle, l’humour existait donc au pays des merveilles?) mais en plus justement, information principale qui allait faire la différence entre passer sa soirée à boire des bières dans un pub tranquille ou rester enfermé dans un endroit clos à cause d’une petite dinde, elle venait de lui annoncer qu’elle n’avait pas les clés.

Il avait l’air presque adorable avec ses grands yeux abasourdis.

_Impossible

Lâcha-t-il pour lui-même. Non, il n’était pas claustro. Enfin, avec un peu de chance, car il était vrai qu’il avait rarement eu d’occasions de tester sa ténacité à l’enfermement. Mais il ne VOULAIT pas rester là.

Profiter de la situation? Ça n’était pas parce qu’il était avec une fille tout à fait charmante qu’il allait en profiter. Surtout qu’elle n’était pas son genre : il ne couchait pas avec des personnages de contes de fée, ça lui changeait le caractère; or Adrian n’était pas un gentil qui se montrait adorable en toute circonstance.


Il prit une grande inspiration et lâcha alors :

_ Impossible.

Non, il ne se répétait pas le moins du monde. Il tentait juste de faire fonctionner sa matière grise dans le dessein quelque peu intéressant de sortir d’ici.

_De toutes manières, il y a de fortes chances qu’on ne soit pas les seuls. Étant donné la taille de la bibliothèque…Je ne peux PAS manquer encore une heure de cours.

Encore une phrase auto adressée.

Il attrapa son trieur, passant devant la petite brune et se dirigea vers les bureaux. Personne, évidemment.

_ Il y a quelqu’un?

Se mit-il à hurler, les mains en coupe autour de sa bouche tel le mâle en situation de danger, lorsqu’il comprend que son estomac ne sera pas rempli avant le lever du jour?