Valse D779 de Schubert [Damon]

Michelle revenait de loin, enfin géographiquement parlant, puisqu'elle avait décidé de s'exiler de son plein gré au Cap en Afrique du Sud, pour revenir en plein forme après de longues vacances. Mais on ne saura jamais exactement ce qu'elle faisait là-bas, malgré les nombreuses rumeurs qui courent, puisqu'elle avait décidé de ne rien dire. Pourquoi faire se disait-elle ? Pourquoi alimenter des rumeurs ? Pourquoi contrer des allégations qui étaient vraies ? De toute façon, elle n'avait jamais prêté attention aux rumeurs, et pensait que les personnes qui s'en préoccupaient ne devaient avoir rien d'autre à faire, ce qui était terriblement navrant pour elles. C'est la raison pour laquelle, elle ne dirait surement rien de ce qu'elle a fait pendant son exil en Afrique.

Avant de partir, elle avait postulé dans plusieurs universités dont Yale, et fut acceptée presque partout, mais puisqu'elle était acceptée à Yale, autant y aller, sans trop se poser de questions.

Elle s'inscrit donc en droit. Elle n'avait pas vraiment d'idées de ce qu'elle voulait faire, mais elle se dit que le droit lui irait et qu'il lui semblait ne pas avoir trop d'heures de cours, ce qui l'intéressait surtout. Ça lui permettrait d'avoir encore un semblant de vie sociale, même loin de New York.

En cette semaine de rentrée, elle avait tout d'abord décidé de faire un tour du campus, mais avant, tout il lui fallait déposer ses bagages dans sa chambre, ce qu'elle fit. D'ailleurs, elle s'aperçut qu'elle aurait une co-locatrice puisqu'apparemment, il n'y avait pas de chambres individuelles, mais elle n'avait pas encore fait sa connaissance, et espérait que ce ne soit pas une de ses jeunes filles qui étaient à Yale grâce aux bourses. Non pas qu'elle avait un certain apriori sur ces personnes, mais elle n'en avait jamais approché, étant toujours dans l'élite. Elle ne se ferait donc pas à l'idée de devoir partager une chambre avec une telle personne.

Elle était donc en train de visiter le campus, après avoir pris quelques heures d'avion qui lui ont permis de relier New Haven et New York. Elle était donc encore en tenue décontractée, ce qui signifiait un jean slim blanc, des plus simples, une chemise en satin noir, avec des escarpins vernis noirs, le tout accompagné d'un trench noir.

En découvrant l'université, elle tomba sur une salle qui s'apparentait à l'amphithéâtre, où se trouvait également, des instruments de musique, comme un piano à queue, comme laissé à l'abandon, sur un coté de la pièce. Cela lui rappelait que ça faisait longtemps qu'elle n'avait plus touché à son piano depuis quelques temps déjà, et qui devait surement être en train de prendre poussière dans l'appartement familial, sauf si les femmes de ménages faisaient correctement leur travail. Mais, là on s'égare...
Elle eut alors une soudaine envie de jouer un morceau. Mais d'abord, elle vérifia qu'il n'y avait personne aux alentours car elle n’aimait pas trop que l’on l’entende jouer au piano, et éteignit sa cigarette dans un cendrier posé sur le piano, comme s'il était là, exprès pour elle, avant de s'installer.

Elle s'assit donc face au piano, et commença à jouer une valse de Schubert.

A peine avait-elle entamé les premières notes, qui résonnèrent dans l'amphithéâtre vide. Vide ? Elle n'en était plus si sure qu'à son arrivée, puisqu'elle entendait des pas de plus en distincts, elle était sure que quelqu'un d'autre se trouvait dorénavant dans la même pièce qu'elle.

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