The World Was a Mess But His Hair Was Perfect [Damon]

Giulia Gattina et ses deux acolytes qu'on appelle plus communément Brooke et Olivia venaient de s'apercevoir que le trajet de New Haven jusqu'à New York était tout à fait réalisable. Cela faisait exactement une heure et demie qu'elles filaient sur une de ses fameuses autoroutes américaines comme on en voit dans les films. Le nouveau joujou sur roues d'Olivia servait à quelque chose dans le cas présent.
Après s'être torturé les méninges, les trois filles étaient finalement arrivées à la conclusion suivante : il leur fallait moins de deux heures pour arriver à New York, résultat, passer leur week end dans la Grosse Pomme était fort plausible. Ne pas changer leurs habitudes, à savoir, écumer les bars et les boites de nuit, passage obligatoire chez Barney's et aller saluer les quelques rares personnes fréquentables qui restaient à New York (très peu donc). Bref, une fin de semaine comme au bon vieux temps.

L'aller jusqu'à New York ressemblait à peu près à une soirée entre filles. Le pyjama, le vernis à ongles, les pop-corn et les films à l'eau de rose culcutesque en moins. Par contre, les ragots, rumeurs et autres critiques moqueuses étaient au rendez-vous, évidemment me direz-vous. Chaque fille avait ainsi pu déblatérer sur sa colocataire. Olivia avec Gabrielle à Dada Land, Brooke avec Lexique. Et Giulia avec Vanessa. Il faut se préparer à quelques meurtres ou décès mystérieux durant le cours de l'année.
Elles avaient aussi profité de l'occasion pour reparler de l'émission de tv-réalité ainsi que de ses conséquences. Le GWD fut hilare pendant une dizaine de minutes après avoir appris que Pete avait été engagé pour une publicité vantant les mérites des shampoings anti-pelliculaire... Et évidemment le dossier "Vacances" fut énormément exploité. Après des heures de blablatages féminins et inutiles, New York s'étendait devant leurs yeux et ne demandait qu'à les recevoir.

Je passe sur les activités matinales de la jeune italienne, tout à fait banal, ne sortant pas de l'ordinaire et d'un chiantisme effrayant. Se goinfrer de pancakes au sirop d'érableavec sa soeur devant un dessin animé avec des caribous qui parlent, c'est assez... primitif. Les choses sérieuses ne débutèrent que plus tard dans la soirée. Après cet après-midi passée entre quatre murs, Giulia eut besoin de prendre l'air. Jettant un coup d'oeil par la fenêtre, la jeune femme trouva en un clin d'oeil un endroit calme et paisible. Les marches du MET évidemment, ce n'était pas la première fois qu'elle choisissait ce lieu, c'était un peu le quartier général de la jeunesse dorée (à l'image de Dooooriaaane).

Vêtue d'un jean slim "seconde peau" (pour faire bien) et d'une tunique grise oversize (trop fashionz), le tout accessoirisé d'une paire de Louboutin, la jeune Giulia plus si innocente et naive que ça, descendit tranquillement les marches pour se rendre au Starbuck le plus proche, pour finalement aller s'installer sur les marche en marbre, Ipod en marche passant tout le répertoire des Beatles en boucle.
La logique aurait voulu qu'on vienne l'aborder, mais l'histoire n'est en rien logique... Et tant mieux, sinon, il aurait pu vraiment passer à côté de quelque chose. Lorsqu'elle était arrivée à son emplacement, Giulia n'avait pas vraiment fait attention à ses voisins de marches, pourquoi l'aurait-elle fait d'ailleurs ?

A y regarder de plus près, il y avait une fille blonde qui triturait ses ongles depuis quinze minutes. Quelques marches plus haut, un grand dadet, le nez plongé dans une BD "Zinzin à la conquête de l'espace". A côté, sûrement un de ses amis qui lisait quant à lui "L'élevage des chiens pour les nuls". Bref, pas très important et puis quelques mètres plus bas venait de s'installer un grand brun qui fumait tranquillement. Grand brun étrangement familier. Ou plutôt la coupe de cheveux (qui était soit dit en passant parfaite héhé). On dirait bien que revenir à New York le temps d'un week-end en avait tentés plus de trois... Ce n'était pas l'objet de fascination de Giulia seulement. Effectivement, deux filles d'une douzaine année étaient sur l'autre côté du trottoir et le regardaient d'un air ébahi en se donnant des coups de coudes. Giulia se résolut à descendre quelques marches sur les fesses pour arriver à la hauteur de Damon.

Tu as prévu le stylo pour l'autographe ? fit-elle avec un sourire en coin en indiquant les deux midinettes. Au pire, tu peux leur donner une mèche de cheveux, elles en tomberaient dans les pommes..

Yale. Yale. Yaleyaleyaleyale. Essayez un peu de le dire le plus vite possible. C’est en tout cas ce que faisait mentalement Damon Flaherty depuis trois bonnes minutes, sans vraiment s’en rendre compte, sans doute trop défoncé pour cela. La défonce, c’était un peu la seconde nature (voire même la première) de Damon, tout comme Damon était par définition la seconde nature de la défonce. S’il y avait bien quelqu’un dans tout l’Upper East Side capable de faire marcher à lui tout seul le commerce souterrain de la drogue, c’était bien Damon Flaherty (bon, peut être pas, mais ce n’est qu’une image). Il voyait son dealer Rodney qu’il avait fini par s’en faire un excellent ami.
Resituons un peu les faits. Aux alentours de mai, Damon était fraîchement rentré de sa tournée, qui c’était en fait transformée en tour d’horizon de toutes les pratiques illicites et réprimées par la morale chrétienne possibles et inimaginables. Et bien évidement, il avait fallu fêter le retour à New York. Nous ne donnerons pas de détails sur cette fameuse soirée de retour, mais quoiqu’il en soit, Rodney et Damon avaient eu la brillante idée de remplir, sous l’emprise du LSD des demandes d’admission pour Yale. Un peu avant les vacances d’été, monsieur et madame Flaherty avaient été comblés en recevant dans leur boîte au lettre une missive qui allait (presque) combler toute la déception occasionnée par les frasques de leur rock star de fils : Damon avait été admis à Yale… en philosophie. Tout d’abord étonnés, n’ayant pas été mis au courrant des intentions de leur fils (et à vrai dire, Damon ne se souvenait même plus avoir demandé la fac de Yale, encore moins philosophie…) les parents de Damon gonflés de fierté avaient vite fait de mettre tout le voisinage au courant. La raison officieuse était bien sûr : bon débarras fiston, grâce à ton départ nous ne nous ferons plus jamais cambriolés.

Ce week end, Damon un peu lassé d’entendre parler de Kant et de Hobbes à longueur de journée (enfin pas tant longueur que ça puisqu’il passait son temps à faire d’autres activités nettement plus importantes que nous ne détaillerons pas ici). Bref, Damon était assis sur les célèbres marches du met, à tranquillement fumer un joint quelque peu corsé, et à se répéter « Yaleyaleyale » dans sa tête.
Il était si occupé qu’il n’avait pas vu les deux gamines en pamoison devant lui comme s’il était Bill de Tokio Hotel. Damon ne prêtait en général pas grand intérêt à ses « fans », pas par mépris, juste parce qu’il était… à côté de la plaque. Bon, sa pseudo notoriété avec ses avantages, il savait en tirer profit quand il le souhaitait, ne vous en faites pas…
Il n’avait pas non plus vu une silhouette s’approcher de lui puis l’aborder. Cette silhouette n’était autre que Giulia Gattina qui était un genre copine-ex-on-sait-pas-très-bien-qui-elle-est-finalement de Damon. Depuis son retour à New York, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de fréquenter à nouveau Giulia, et du coup, ne savait plus très bien ce qu’ils étaient au final. D’accord, Damon appréciait beaucoup la jeune femme, mais ils n’étaient pas mariés, et Damon avait toujours aimé profiter de sa liberté, ne s’embarrassant pas de problèmes de couple.
Et puis tout est toujours si simple du point de vue d’un Damon défoncé. Il fit un large sourire à Giulia, écrasant son joint contre une marche, puis dévisagea les deux jeunes filles en fleur, leur faisant un signe de main discret, ne se rendant pas compte de l’impact que cela pouvait provoquer (malheureux !). Juste après la remarque de Giulia, il fronça les sourcils d’un air mêlant perplexité et incompréhension. Connection des neurones…5…4…Pi…3…2…1… Damon releva la tête vers Giulia, un demi sourire aux lèvres

Tu sais comment on fait augmenter le taux de suicide chez les adolescentes pré pubères ?

Et sur cette déclaration énigmatique de Flaherty le grand, Damon tendit le bras vers Guilia, l’enroulant autour de sa taille, puis l’attira vers lui pour la faire asseoir sur ses genoux. Oui, geste typique du type qui plane et qui n’a pas entièrement conscience des éventuelles conséquences de ses actes…

[Désolée c'est pas super >.<]

C'était rassurant (ou pas) de voir que New York, ses habitants et particulièrement Damon n'avait pas changé. Les new-yorkais subissaient toujours le même train-train quotidien, à savoir métro-boulot-dodo, speedés non pas aux amphétamines comme on pourrait le croire mais à la caféine (et certainement au Prozac, mais ça, il ne faut pas le dire). Giulia passera également l'éponge sur les activités pas très catholiques de Monsieur la Rock Star avec qui elle entretenait plus ou moins une relation amoureuse assez... libre et parfois chaotique, ainsi que.. Bref, on est sur de rien pour l'instant, inutile de tomber dans un dégoulit de romantisme. La vie est tellement compliquée Honey. Elle doit être tellement plus simple quand on passe son temps défoncé.. Interrogeons le principal intéressé, Damon Flaherty qui a certainement commencé à consommer ces substances illicites depuis qu'il est dans le berceau. Ah, pas de réponse chers auditeurs, le jeune homme se contente de nous faire un sourire jusqu'aux oreilles, notre envoyée spéciale, Giulia Gattina n'arrive pas à lui tirer un seul mot. Au lieu de ça, une horde de groupies hystériques court vers la rock star et..je crois...que... BEEEEEEEP. Désolé pour ce problème technique, la connexion a été perdue.
Sauf que la horde de fans en folie se résumait à deux personnes et que pour l'instant, elles étaient ébahies (jusqu'à en baver) de voir Flaherty à New York, en chair et en os (oui oui ZE vrai). Oh, elle n'était pas les seules, Giulia avait perdu la trace de Damon depuis quelques semaines déjà, croyant qu'il avait été accepté à NYU. Bref, revenons à nos moutons de Panurge qui affichaient maintenant un air outré en voyant qu'il était si facile d'aborder Damon Flaherty. Trop chimique quoi. Sous leur nez, nos petits upper east sidiens s'en donnaient presque à coeur joie (enfin on se comprend). Toujours à la recherche d'une idée pour montrer à quel point ils étaient..uniques ?

Hum, je sais pas, on fait une partie d'échec ? répondit-elle à la question existentielle du jeune homme tandis qu'elle se laissait attirer vers lui.

J'étais loin du compte conclua-t-elle en souriant malicieusement et en jetant un coup d'oeil aux deux groupies qui viraient maintenant au rouge. On aurait pu les comparer à des théières. Vous savez, quand elles sont trop chaudes, elles commencent à siffler et si vous voulez voir ce qu'il va passer et bien... Elles explosent ? Giulia était fort curieuse de savoir si les deux groupies iront jusqu'à se suicider ou bien...

Et tu sais comment on pousse une groupie à tuer son idole ainsi que la fille dont elle rêve d'être à place ? demanda-t-elle finalement les yeux pétillant de malice avant que ses lèvres rejoignent celles de Damon sous les regards affolés des deux midinettes. La plus grande des deux semblait être au bord des larmes, les lèvres tremblantes, mais l'autre... se dirigeait trop sur eux, les mains sur les hanches (un peu comme les vielles mégères), un air furieux, livide.
D'un certain point de vu, c'était assez flippant, mais rassurez-vous, nous ne sommes pas dans American Psycho où le protagoniste tue des personnes en pleine rue sans que quelqu'un s'en aperçoive. Non, tutut. Du moins, il vallait mieux.. Les groupies sont capables de tout...
La petit blonde était maintenant en bas des marches et grimpait avec difficulté celles qui la séparaient de nos chers Damon et Giulia. Elle atteignit finalement son but, se plantant devant les deux étudiants...

Zy va quoi, t'es dans un bad ou quoi ? T'es en train de bédaver et tout et puis c'est bon quoi c'est trop facile de demander son 06 et de devenir son steak quoi. Arrête de béflan, c'est à béjèr lacha-t-elle en s'adressant tour ) tour à Damon puis à Giulia. Faites beleck je vous ai à l'oeil et tout, vous avez cru c'était un truc de keupon ou quoi ? C'est under-g, c'est pas pour vous et tout. Tu veux que je te masse venère ou quoi ?

Giulia échangea un regard avec Damon, histoire de s'assurer que la fille parlait une autre langue que la leur...

Guilia se laissa prendre sur les genoux de Damon dans trop opposer de résistance. Ce qui était plutôt bon signe ? Notre junkie était tellement habitué à ce que les filles lui reprochent des choses diverses et variées (tes chaussettes qui trainent, tu es tout le temps défoncé, je n’aime pas ça, tu pourrais être dans un état moins lamentable la prochaine fois, histoire que ça dure un peu plus de 7 minutes 28 secondes, tu es en retard, etc. etc.) qu’il en devenait un petit peu paranoïaque.
La suite se révéla encore plus intéressante, puisque Giulia enseigna à Damon l’un des secrets de la vie. Elle lui montra comment pousser une jeune donzelle à assassiner son idole et la fille qui l’accompagne. Damon n’était pas certain de l’utilité de cet enseignement, mais il aimait bien les méthodes pédagogiques de Giulia.
Il eut un demi sourire lorsqu’elle l’embrassa et répondit avec douceur à son baiser, qui fut à son goût un peu trop court. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui demander de lui montrer à nouveau comment on faisait, il avait des problèmes à assimiler, et puis, la meilleure méthode reste de s’entraîner.
Quand soudain, l’une des gamines visiblement furieuse s’avança vers eux, et se mit à parler en un dialecte étrange. Damon écouta avec attention, puis se retourna vers Giulia, visiblement interloquée.
Très sérieux, Damon prit ensuite la parole.

Une touriste, laisse moi régler ça

Ah, quel homme ce Damon, c’était tellement beau de le voir jouer l’homme viril prenant les choses en main (ou pas)

Guten tag ! Ich bin Damon, und mein…euh… amiga ist Giulia. Euh… no ich bin ein Berliner pero Kennedy ist ein Berliner. Woher kommst du stranger?

Ne me demandez pas comment Damon sait parler allemand, je n’en ai aucune idée. Quoi qu’il en soit, nous avons ici la preuve que Damon aurait du une fois de plus se taire. Pourtant, il était plein de volonté. Dommage.
La fille arracha « Critique de la raison pure » (de notre cher Kant) des mains de Damon (oui, il était en train de le lire avant que Giulia n’arrive… n’oublions pas qu’il étudie la philosophie) et assena un grand coup sur la tête de Giulia, qui en perdit l’équilibre. Kant in your face, ça n’a jamais fait beaucoup de bien.
C’est là que Damon enclancha le mode « je suis membre d’un gang ou pas » et se leva, tentant de paraître méchant, tu genre « tu vas payer pour ce que tu as fait à ma meuf wash ». Ouais. Malheureusement pour lui, Damon n’eut pas l’opportunité de jouer à « Touche pas à ma meuf bolosse » puisqu’il se prit non pas un, mais plusieurs coups de « Critique de la raison pure ». Monde cruel et violent.

Ooooh, regardez un extraterrestre ! Quel beau dialecte, quelle magnifique culture, qu.. Oui on a compris, le blond décoloré ne va à personne. Ca donne ce petit côté vulgaire, surtout quand les sourcils restent châtains foncés et que la fille en question est victime d'une pilosité monstre (NON! Je t'interdis de te mettre en débardeur ! Regarde plutôt cette combinaison de ski, elle fait ressortir tes yeux ! Ou celle-ci, le soleil peut passer à travers !). Manque de chance, la groupie petite-blonde-vulgaire-qui-mâchait-un-chew-gum-vulgairement (et qui-parlait-vulgairement) être simplement vêtue d'une robe. Hum..ew. Comprenez un peu l'état de dégout énorme quand Giulia aperçut ces quelques centimètres de peau. Cette grossière groupie n'avait pas arrêté de les dévisager depuis une minute. Genre ils avaient fait quelque chose de maaaaaaaaaaaaal ? T'as juste à traduire ses propos et tu verras poulette.

Etrangement, à chaque fois que Giulia était avec Damon, leurs contacts avec le monde extérieur et le genre humain se révélaient (trop) souvent... catastrophiquement effroyables et monstrueusement dangereux. Rappelez-vous de toute la bande de joyeux lurons d'Harlem, ils étaient trop cooolz comme mecs. Peut-être que les deux groupies les connaissaient ? Elles parlaient la même langue quoi ! En toute logique ben..
En toute logique, Damon n'aurait peut-être pas dû se lever. Et en toute logique, depuis quand savait-il parler allemand. La jeune italienne resta perplexe. La jeune groupie resta perplexe. Mais moins longtemps. Juste le temps d'arracher le bouquin (je passerai sur le "depuis quand il sait lire, histoire de ne pas faire un bide) qu'avait Damon entre les mains et de le flanquer dans la pauvre tête de Giulia. Mais euh, nooooon maman c'est pas juuuste, pourquoi le livre était-il un pavéééééééééé. Oh tu veux ton doudou ?
La groupie en furie continua son petit manège, s'attaquant maintenant à ce pauvre petit Damon qui n'avait même pas eu le temps de révéler sa face cachée de grand boss des bas quartiers. Au lieu de ça, il en était réduit à se faire frapper par une fille complètement poilue, répugnante, immonde et folle.
Qui veut des mouchoooooirs ?

Et c'est à ce moment-là qu'on arrête de critiquer l'inutilité des sacs à main des filles. Après s'être remise du choc d'avoir été cognée avec un pavé, la jeune italienne fouilla dans son sac pour finalement en retirer un flacon. La vision de cette fille levant les bras sans aucune considération pour le monde entier (et qui, en bonus, était en train de brutaliser le nouveau Kennedy - ou pas) était, peut-être pas apocalyptique, on n'est pas dans Star Wars, mais assez insupportable. Ew.
Il fallait prévoir un plan et vite. La volonté était là mais la furie se redirigeait vers Giulia, un sourire dégoutant sur les lèvres.. Bwaa. Manque de chance, le sourire repartit très vite après la projection du dernier Cerruti dans les yeux. Un coup de sac et des gémissements plus tard, Hairs-woman faisait un joli roulé-boulé à travers les marches.
D'ici 54 secondes, elle repasserait à l'attaque. Les yeux de Giulia parcoururent les alentours et se posèrent sur...

Il faut qu'on se replie chez moi, question d'agression à la Kant ou non ! Allez, allez on se relève et maintenant..

Oui, on court, ça va de soi.

Plus qu'à enjamber le sosie de Tata Rosie version wesh et on pouvait se réfugier dans le bunker. Ou dans l'ancien appartement de Giulia, chacun sa vision du monde.

[ Je sais, c'est nul, j'assume - ou pas - ]

Damon avait entendu parlé que dans sa fac, il existait une association d’étudiants qui s’appelait « Immanuel Kant, mon ami ». A moins qu’ils ne se soient surnommés « Les amis de Kant » mais avouons le, cela n’a pas grande importance. Quoi qu’il en soit, Damon n’était plus vraiment sûr de vouloir vouer un culte à l’auteur de « Critique de la raison pure » ainsi que « Critique de la raison pratique ». Il se demandait même si certains auteurs ne rédigeaient pas des pavés exprès pour qu’ils puissent un jour servir d’arme de destruction massive. Damon était persuadé qu’une vilaine bosse disgracieuse allait venir gâcher son visage si parfait, et tout le monde allait l’appeler Quasimodo ou Elephantman, au choix. Et sa mère allait devoir prendre soin de lui jusqu’à la fin de ses jours, et le nourrir à la petite cuillère. Il prendrait ses repas uniquement sous forme de compotes. La compote de sardines, ça doit pas être si mauvais que ça après tout.
ZBOUM ! Un autre coup se porta en plein sur le nez de Damon. Il regarda la jeune inconnue (qui, soit dit en passant, tenait énormément du jeune yéti) avec un air de totale incrédulité. Un peu de sang coula sur son T-shirt mal-repassé-car-enfiléà-la-va-vite-ce-matin. Et voilà, il saignait du nez. « Il faut qu'on se replie chez moi, question d'agression à la Kant ou non ! Allez, allez on se relève et maintenant.. » ce fut la voix de Giulia qui s’exprima. Damon hocha la tête, et se réveilla enfin. BANZAI (ou pas). Les deux jeunes upper eastsidien s’élancèrent avec vélocité, dévalant les marches du Met le plus rapidement qu’ils le pouvaient. Ce qui en fait se révéla inutile, étant donné que l’admiratrice ne semblait pas décidé à les poursuivre. En fait, elle avait retrouvé un grand sourire, et se dirigeait gaiement vers ce qui semblait être un groupe de ses amis.

Pourquoi est-ce que la moindre de mes rencontres avec toi doit se transformer en course effrénée et, accessoirement, le risque d’irréversibles dommages ??

Oui, en tant qu’étudiant en philosophie, Damon se posait des tonnes de questions toutes plus existentielles les unes que les autres.
Ils étaient donc en train de courir… pourquoi ? Damon ne le savait même plus, mais il s’était en quelque sorte mit en mode « je suis un coureur de marathon certes qui fume comme un pompier, mais je suis un athlète de haut niveau n’ayez crainte peuple ». Ce qui n’était pas vraiment le cas, étant donné la vitesse absolument pas fulgurante à laquelle il se mouvait. Même Giulia allait plus vite que lui, c’était dire.
Au bout d’un moment, il s’arrêta et se tourna vers la jeune femme en question, levant un doigt expert, à la manière d’un Socrate des temps modernes.

Un taxi ! Il nous faut un taxi !

Bravo Damon-Lumière, en sachant que Giulia habitait à deux pas du Met, c’était en effet une idée plus que brillante.

[J'accuse le match de rugby d'avoir réduit mon cerveau en compote...]

Oh noon, c'était même pas drôle, la wesh-bolosse-regardez-moi-je-suis-une-groupie n'avait même pas pris la peine de courir après son idoooole et la fille qui l'accompagnait. Le monde est si cruel... Oh oui, tout le monde rêêêêêve de se recevoir un pavé dans la figure.. Et être achevé à coups de pelle je suppose ? Ou, non, encore mieux ! Si on prenait carrément un bulldozer et.. ZBAAAAAF. Plus de Damon. Plus de Giulia. Qu'ils reposent en paix jusqu'à la fin des temps. Et puis, on pourrait penser à les cannniser non ? Ca serait une super bonne idée ! Oh ouais ça serait vraiment trop coolos...
Mais mais mais, on s'éloigne dangereusement du sujet là, revenons à nos gentils moutons en peine qui se traînaient (du moins le mâââââle) le long des marches tels deux lapins déchaînés, blessés au combat et qui reviennent dignement du front. Ô soldats ! La lutte continue mon camarade ! Levez le poing et chantez avec nous !
Et ce à ce moment-là que BANG Damon posa LA question fatale. Le genre de questions que l'on se pose secrètement mais auxquelles on a, évidemment, JAMAIS la bonne réponse. Pourquoi leurs rencontres se terminaient toujours... Non, pourquoi se barraient-elles toujours en sucette ? Oh bonne question, très bonne question, excellente question ! Demande ça à.. Hum oui ? Non rien en faite. Giulia haussa les épaules en jetant à coup d'oeil au jeune anglais (ouais ouais vivent les anglais, 14-9 c'était beau, c'était beau !), genre elle savait vraiment pourquoi ça tournait toujours au vinaigre (ou un truc du genre).

Eh bien, je dirais que.. euh.. on doit être psychologiquement lié, on s'attire mutuellement mais pas QUE nous, des milliers d'ondes négatives qui se terminent par des ordres à notre.. oui enfin tu vois..

Bon, oui, personne ne voyait mais on te pardonne Giulia, un pavé ça peut causer un traumatisme. Les deux délurés continuaient d'avancer. Passant ainsi devant l'immeuble où habitait Giulia, continuant leur chemin vers Rome. Damon eut alors la merveilleuse idée de..de.. non pas de faire demi-tour mais d'appeler un taxi.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il faut tout de même préciser que quand on vit à New York, qu'on a un physique gracieux et une bonne tête, toutes les chances sont de notre côté quand on veut choper un taxi. Véridique.

Je vous emmène où M'dame et M'sieur ?

Bonne question. Sachant qu'ils passeraient pour des imbéciles si ils indiquaient l'adresse de Giulia... Il vallait mieux donner un autre endroit.

Je sais pas pour toi, mais j'ai vraiment envie d'une barbe à papa géaaaante s'écria Giulia. Oh oui, le traumatisme s'était bel et bien installé. Pauvre gamine. Damon ne semblait visiblement pas dans un meilleur état. Après quelques minutes de trajet, le taxi débarqua, non pas à Harlem (trop risqué la nuit...) mais du côté de Coney Island. Se chamaillant comme des gosses à l'arrière de la voiture, le chauffeur les laissa finalement sur la route. Genre au milieu de nulle part.
Hahahahahahahahahahahahahaha.
La nuit était tombée, c'était une chose. Aucun bruit. Aucune lumière. Bref, le désert en plein New York.

Euh, Damon, on fait quoi ? C'est pas que j'ai peur mais, disons que c'est assez.. flippaaant.

Comment faire pour se montrer insupportable au point que même un chauffeur de taxi, pourtant grassement payé par vos soins, ne voudra plus de vous et vous laissera sur le bas côté de la route sans aucun scrupule? Il existe à cela beaucoup de solutions (vomir à l'arrière du taxi, le faire exploser, réciter l'intégralité du "Gai savoir" de Nietsche au dit chauffeur, ou encore chanter 666 le dernier hit de Britney Spears) mais Giulia et Damon avaient choisi de se disputer violemment à propos de la couleur que devrait avoir une barbe à papa parfaite. Damon soutenait que le bleu était approprié, alors que Giulia niait en bloc l'existence d'une telle couleur de barbe à papa.
Les voilà donc sur le bas côté, comme les ploucs qu'ils étaient, à ne savoir que faire. Appeler leur maman pour qu'elle vienne les chercher peut être? C'est là qu'on voyait l'utilité de ne PAS être un assisté de la société.
Damon, le visage couvert de griffure et tenant encore entre ses mains des cheveux arraché de la tête de Giulia (oui, ils étaient violents les petits) se tenait encore à l'écart. On fait quoi? Qu'est ce qu'il en savait...

On aurait pu aller manger une barbe à papa BLEUE comme ça tu aurais vu que ça existait et que je ne suis PAS un menteur!

Fit il d'un air boudeur, néanmoins beaucoup trop défoncé pour être réellement crédible. Hu. C'est vrai que tout ça faisait relativement peur, il faisait déjà nuit, et l'endroit n'était pas éclairé, on aurait pu douter qu'on se trouvait à New York City.
En fait, si ça se trouvait, le chauffeur de taxi n'était rien d'autre que le parrain d'une mafia ultra secrète qui avait fait exprès de les perdre au Turkménistan parce qu'ils avaient offensé le nom sacro-saint de la barbe à papa. Gosh.

Giulia... je... je crois qu'on est au Turkménistan!

Lui dit Damon, très sérieux. Une idée de génie lui traversa soudain la tête, il avança vers la route, le pouce tendu, alors qu'une voiture s'arrêtait près d'eux. La vitre du 4x4 se baissa, révélant derrière la fumée un visage juvénile, souriant aux deux new yorkais d'un air béat. Damon se pencha un peu, regardant à l'intérieur de la voiture. Le chauffeur était barbu et hirsute, et devait faire du scotisme dans sa jeunesse (hamster jovial, un truc dans le genre) si on s'en référait au foulard qu'il portait autour du coup. Il n'avait pas l'air d'être dans un état conseillé pour conduire, mais ça n'était rien par rapport à la fille qui dormait derrière, semblant au bord du coma éthylique. Une prostituée roumaine dans doute. Le passager avant paraissait avoir 14 ans, Damon espérait pour lui qu'il en avait un peu plus quand même... jeunesse en perdition. Il s'adressa une nouvelle fois à eux d'une voix lente et prépubère.

Alors, vous allez à Vegas les cocos? On vous emmène?

Damon se tourna tout sourire vers Giulia, un air de conspirateur sur le visage.

Viens, ils nous ramènent en Amérique, on va pouvoir échapper à la milice Turkménistaise.. euh... peut importe comment ils s'appellent.

Ni une ni deux, Damon embarqua sur la banquette arrière, dans ce qui semblait être le "véhicule de la mort youhouhouhou" .

Et ce fut la fin de nos regrettés Damon Flaherty et Giulia Gattina.
Assassinés sur le bord d'une route par un lapin carnivore enragé.
Que leurs âmes pas vraiment pures et innocentes reposent en paix dans le royaume de la barbe à papa. Ou pas.
Abandonnés lâchement par ce traître de chauffeur, la jeune italienne à qui il manquait quelques touffes de cheveux, n'était plus d'humeur à débattre violemment de quelle couleur était la barbe à papa parfaite. Mais certainement pas bleue. ROSE. Point final.
En attendant, le problème était autre. Être à deux pas d'un type capable de vous arracher toute votre chevelure était dans la nature. Dans une nature très proche. Genre à quelques mètres de là. Et rien pour s'abriter. Pour être exacte, le paysage se résumait à deux mots : noir et rien. Oui, rien. Rien. Et re-rien. Ils étaient sur le bord d'une route. Peut importe où ils posaient les yeux, ils tombaient sur de longs terrains vagues.
Uh.

Au Turkménistan ? répéta Giulia avec surprise, le coup de livre sur la tête lui avait procuré le même effet que de se défoncer avec une quelconque substance défonçante. En moins agréable. Et avec quelques sequelles. Super bosse, tu m'emmènes faire un tour dans le désert ?
Bref. S'ils étaient au Turkménistan, il y avait certainement un problème. Une conspiration chinoise pour faire plonger deux pauvres petits étudiants dans le cercle infernal du vagabondage. Est-ce que quelqu'un s'apercevrait qu'il manque deux personnes emblématiques de l'Upper East Side ? Est-ce que quelqu'un partirait à leur recherche ? Est-ce qu'ils se feraient tuer avant ? Est-ce qu'on retrouverait leurs cadavres ? Est-ce qu'on identifierait les corps ? Qu'est-ce qu'ils en feront ? Quelqu'un viendra pleurer sur leurs tombes ? Arrêtes de réfléchir Giulia, ça vaut mieux. Un cheveu d'arracher signifierait un neurone de perdu ?
Sans grande cérémonie, Giulia s'assit en tailleur tandis que Damon commençait à faire du stop. Comprenez un peu. Il était tard, rares étaient les voitures, et on ne parle pas de celles qui s'arrêtent. Maaaais... la bonne étoile de Damon brillait au-dessus de sa tête puisque trente secondes plus tard, un 4x4 passa et.. WAOW, s'arrêta !
La jeune italienne fixa un moment le ciel, pour bien vérifier qu'ils étaient encore sur Terre, que ce n'était pas un mirage et que l'oasis la plus proche était à 666 kilomètres d'ici. Oui bon.

Alors, vous allez à Vegas les cocos? On vous emmène?

Vegas ? Las Vegas ? Nevada ? Etats-Unis ? Amérique ? Big Brother ? LAS VEGAS ? Oh, ça peut se discuter. Giulia vit Damon grimper à l'intérieur du véhicule. Ni une, ni deux, Giulia sauta à sa suite, inutile de rester toute seule pour se faire violer par les types louches qui traînent à l'aube près des terrains vagues. Pas très glamour comme image. Brrr.
La banquette arrière était occupée toute entière par un macchabée, ou ce qui ressemblait à une fille. A confirmer toute fois. Après s'être casée à côté de Damon, la jeune italienne regarda plus attentivement le chauffeur. Euh. Normal de ne pas se sentir rassurée ?

Vous avez souvent des...cadavres sur votre banquette demanda-t-elle à l'hamster qui conduisait en ne lâchant plus des yeux la-fille-qui-ressemble-à-un-zombie. A moins que ce soit un vampire trop épuisé à cause d'un manque de sang... Giulia tira sur la manche de Damon.

Tu penses qu'à Las Vegas, il y a une réunion secrète des vampires d'Amérique ?

Le Hamster coula un regard inquiétant vers les deux étudiants. Comme dans les films d'horreur ou d'espion. Quand les deux protagonistes en savent trop, il faut les exterminer. Toutes les manières sont possibles pour que le mystère soit conserver. Quitte à passer un rouleau sur les deux pauvres victimes. Ah, maintenant, le hamster gardait un oeil permanent sur eux grâce au rétroviseur. Puis tout à coup, le chauffeur se gara sur la bande d'urgence, descendant du véhicule.
Giulia regarda d'un air inquiet Damon. Qu'est-ce qu'il était parti faire ? Prendre sa carabine ? Une autre arme ? Il comptait laisser le 4x4 ici ? Il les abandonnait quelque part à l'autre bout du monde alors que Vegas en était à l'autre bout ? Un bruit sec les fit sursauter. Le type reprit sa place, grand sourire jusqu'aux oreilles. Minute, ce n'est pas le sourire du psychopathe dans, allez au hasard, American Psycho ? Le Hamster leur balança alors deux couvertures. Pour cacher les corps ?

Au cas où vous auriez froid les cocos !

Mouais. Okay. Il était sympa. Mais trop sympa. C'était étrangement bizarre. Vraiment. Est-ce qu'on emmène deux étrangers jusqu'à Vegas et on leur propose des couvertures sans aucune raison ? Telle est la question. Giulia n'était pas vraiment convaincue par le mot "gentillesse". En général, on est adorable avec quelqu'un quand on veut soit le manipuler ou obtenir quelque chose de lui. Dans les deux cas, il y a une -mauvaise- attention derrière.
Trente minutes, ils étaient arrêtés dans une station service. Le type était parti acheter à manger et quelques magazines, laissant ainsi le 4x4 sous la surveillance de Damon et Giulia. Cette dernière était en train de convaincre Damon de démarrer la voiture et de se tirer sans le type, trop louche à son gout, oubliant totalement le zombie à l'arrière.

Alllllleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez, ce type est louuuche ! Depuis quand les hamsters ne font plus des réserves de nourriture ? Et je te promets que si on s'en va nous deux avec le 4x4, je te crois pour la barbe à papa bleue !

"Alllllleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez, ce type est louuuche ! Depuis quand les hamsters ne font plus des réserves de nourriture ? Et je te promets que si on s'en va nous deux avec le 4x4, je te crois pour la barbe à papa bleue !... Giulia était elle tombée sur la tête? Pourtant des deux, c'était Damon qui était censé être le fêlé, le drogué, le pas net, qui a des idées bizarres et des propos incohérents... Elle s'occupait de tout la partie "chaussure" *ZBAFFF*
Damon tenta de réfléchir le plus vite possible, les idées se mélangeant dans sa tête. Il finit par prendre un air grave, et chuchota quelque chose à l'adresse de sa camarade.

Ça va pas la tête, et tu fais quoi du marmot assis là devant au juste?

En effet, l'adolescent pré pubère était tranquillement assis à sa place, écouteurs plantés dans les oreilles, en train de jouer à la game boy tout en mâchant du chewing gum à l'affreuse couleur bleue. Certes, le marmot en question ne devait pas savoir conduire, et Damon pouvait facilement le maîtriser en cas de besoin (si si!) mais tout de même... Et puis, restait la prostituée moldave (ou roumaine, je sais plus) à l'arrière, dans un demi coma éthylique

Je vois pas le problème, il a l'air plutôt sympa, je suis sur qu'on pourrait s'en faire un copain...

Il arrêta le flux de sa pensée, dérivant immédiatement vers autre chose... et si... et si, par exemple, ce type était une espèce de tueur en série qui arrache les dents des gens avant de les passer dans la machine à faire des conserves pour chien... et si... oh... vous vous souvenez tous de "Du Vent dans les Saule", ou la belette et le crapeau (pas certain de l'exacte identité des animaux cela dit) engagent une lutte sans merci contre celui qui a transformé leur marécage en usine de paté pour chien... et si ce "celui" en question se trouvait dans la voiture avec eux quelques secondes auparavant?
Damon se ressaisit un peu, réalisant qu'il était en pleine crise de paranoïa aiguë, il ne devait pas se montrer faible devant les dames, c'était indécent.
Une seconde d'hésitation plus tard, il bondi à la place du conducteur en lançant un:

Évidement que la barbe à papa bleue est la meilleure, tous les experts s'accordent sur ce point...

Il voulu ajouter un "femme" mais se ravisa, Giulia ayant peut être virée féministe-qui-ne-s'épile-pas-les-dessous-de-bras durant les vacances, on ne sais jamais...

Eh qu'est ce que tu fais toi?

Demanda le jeune garçon, visiblement totalement disposé à combattre Damon jusqu'à ce que mort s'en suive. Damon prit une expression de calme serein digne d'un grand sage, et afficha un grand sourire spécial petits mioches qui prennent la tête.

Hum... Est ce que le groupe "Someone Still Loves You Melchior" te dis quelque chose?

Demanda Damon prennant un petit air légèrement supérieur si typique de la Flahertytude de base. Qu'est ce qu'il ne fallait pas faire. Citer le nom de son propre groupe eut l'effet désiré: la petite tête blonde ouvrit grand la bouche, dans une expression béate d'admiration (oui oui).

Woaw... C'est... c'est vraiment vous le chanteur alors?

Damon prit alors des faux airs de modeste (Damon n'est pas modeste, c'est bien connu de n'importe quel quidam)

Ecoute moi, tu nous laisses conduire sans broncher, sans crier, sans tenter de nous faire avaler ta gameboy ou de nous mordre, et je te promets que la prochaine fois que je viens jouer à New York, tu seras aux premières loges... En plus c'est son anniversaire et.. euh... je voudrais lui faire un cadeau qui est... euh... lui montrer comment on conduit!

Conclut-il en désignant Giulia. Visiblement ravi de se trouver en présence d'un musicien (même si ce n'était que Damon), le petit acquieça, et nos 4 compères (Giulia + Damon + Gameboy-guy + péripathéticienne moldave = 4 ) prirent la route (tadadadam)

Hé ho, les capacités intellectuelles de Guilia (si, si, elle en possédait, peu, mais quand même) étaient divisées par deux. Ou trois. Ou quatre. Vous avez compris l'idée. Si Damon la prenait une nouvelle fois pour une cinglée, peut-être qu'il devrait se remettre en question. C'était peut-être (seulement peut-être hein, je ne vais pas prendre position, ça ne serait pas correct de ma part. Quoi que, qu'est-ce qui est correct et qu'est-ce qui ne l'est pas ?) à cause de SA groupie et de SON livre que Giulia avait perdu sa faculté à réfléchir (vous me direz que les barbes à papa sont un sujet qui inspire tout le monde.. Mais même, ça n'excuse pas Damon, il a sa part de responsabilité, faut assumer).
A moins qu'il soit lui aussi sidéré par les effets de son défonçage quotidien et croit qu'il était capable de penser mais qu'en réalité il ne faisait que penser qu'il pensait qu'il pensait vraiment. Vous suivez ?
Giulia était en train de fixer le nabot collé à sa Game Boy. Sympa, sympa. Hum, les gens sympas jouaient encore à la Game Boy ou pas ? Giulia ne connaissait pas l'existence des Geeks, étant donné qu'ils ne sortaient pas de chez eux. Aha. Essayer donc un peu de juger quelqu'un en ne savant rien de lui et de ses semblables. La jeune italienne fit une moue boudeuse après les propos de Damon. Le seul type qu'elle connaissait et qui jouait à la Game Boy était le type qui vidait les poubelles de l'immeuble des Gattina. Giulia ne se rappelait plus qu'elle était le nom de la profession... Nettoyeur de poubelle ? Essaye éboudeur, je suis sûre que ça rentre dans le mot fléché !
La jeune italienne regarda d'un air absent le petit manège de Damon, réfléchissant encore à cet étange phénomène de la Game Boy. Pourquoi Boy d'ailleurs ? Giulia n'avait pas viré féministe extrême, mais ça ne l'empechait pas de premièrement s'épiler (si si je vous jure) et de trouver cette appelation ultra sexiste. Uh.
BAF, Giulia revint sur terre quelques secondes après alors que le gamin était en train de s'extasier devant sa Majesté Flaherty. Il lui avait dit quoi au juste ? Qu'il avait réussit à attraper 666 Pokémons ou qu'il avait en poche le record mondial du Tetris ? Terrible question, Giulia ne voulait pas en savoir la réponse.
QUoi qu'il en soit, entre geeks, la solidarité devait marcher puisque Damon et Giulia eurent la possibilité de s'emparer du 4x4 avec les deux bizarreries de la nature à l'intérieur.

En route camarade ! s'écria Giulia quand Damon mit le moteur en marche. En espèrant que ledit conducteur sache conduire en faite. Six crapotements plus tard, Damon enfonçait la pédale, faisant une marche arrière extraordinaire, manquant de percuter une pousette.

Waaaaaaaaaaaaow hurla le Gameboy-guy, encore béat devant son idole. Giulia lui lança un regard noir, si le gosse pensait réllement qu'il pourrait jouer à la groupie pendant tout le trajet, il se mettait dans l'oeil jusqu'au nerf optique !

La ferme le schtroumpf ou tu passes par la fênetre avec ta Game-Boy fit Giulia en lançant un coup d'oeil dans le rétroviseur 'oui les grands devant, les petits derrière avec les macchabées. Koolz.

Bon, bon, bon. Il fallait prévoir un plan maintenant. Il était temps de rentrer au pays aka les Etats Unis, inutile de tomber sur des terroristes qui voudraient faire exploser un 4x4 en voyant qu'il est de marque américaine. Et oui, c'est ça la mondialisation. Notre bande de joyeux lurons roula pendant une vingtaine de kilomètres, alors que la radio hurlait des morceaux de country. Extra ! Il manquait plus que l'harmonica et le feu de camps ! Ils arrivèrent près d'un panneau lumineux. Guilia plissa les yeux tenta de lire.

Philadelphie, Lakewood, Cherry Hill, Burlington... Han ! Ils ont fait disparaître Las Vegas ! constata avec frayeur la pauvre Giulia. Comment on va faire ? Ils nous ont piégé, le gouvernement ne veut pas qu'on rentre à New York !

Giulia se retourna vers Gameboy-Guy, pensant qu'il aurait une solution, après tout, c'était le boss en matière de techologie non ? Avant peut-être... Effectivement le gamin avait maintenant un joint à la bouche, tenant la fameuse boîte métallique de Damon, qui avait sans doute glissé de sa poche. Giulia tira sur la manche de la rockstar au volant.

Arrête toi dès que tu peux, faut qu'on se débarasse du gamin, il sait beaucoup trop de choses maintenant déclara-t-elle avec un ton sérieux. Ben quoi, il fallait procéder comme le FBI, la CIA & compagnie, quand quelqu'un vous dérangez, il fallait l'exterminer.

[Bon ok... pardon quoi, c'est de la merde ]

« La ferme le schtroumpf ou tu passes par la fênetre avec ta Game-Boy » Damon jeta un regard interdit à Giulia, elle lui faisait peur, oui, un peu… avant de réaliser que ce n’était pas à lui qu’elle s’adressait. Oui, le narcissisme de Sir Flaherty avait tendance à être quelque peu exacerbé, et toute parole pouvait potentiellement lui être adressée enfin bref.
Il alluma l’auto-radio, directement réglée sur une station diffusant uniquement de la country. Yeeha, ils disent comme ça au Texas non ? Bien que Damon n’avait jamais eut l’occasion de visiter le Texas. Et il aura jamais l’occasion d’y aller, puisque moi, en tant que narrateur, je peux vous dire que la vie de Damon Flaherty s’arrêtera brutalement exactement 9 mois, 12 jours, 6 heures, 10 minutes et 5 secondes après son 28ème anniversaire dans des circonstances que je ne préfère pas révéler ici, afin de tenir nos spectateurs en haleine et ainsi de faire grimper en flèche l’audimat (KIKOO !).
Gram Parsons chantait donc gaiement dans l’autoradio, et Damon se sentait complètement cowboy inside… ce qui est inquiétant, de mon point de vue. Ses doigts tapotaient en rythme le volant et il sifflotait une mélodie totalement différente de celle chantée par ce bon vieux Graham, étant donné qu’il ne connaissait pas du tout, même pas un petit peu la chanson. Et tout d’un coup, comme ça, sans prévenir, il lança :

Quand je serai vieux et bourré de pognon à ne plus savoir quoi en faire, je déménagerai au Texas et je ferai de la musique country jusqu’à mes vieux jours

Pauvre Damon, il commençait à débloquer. S’il savait qu’il n’y avait désormais aucun avenir dans la musique country puisque tous les jeunes ne jurent plus que par la tecktonik de nos jours… Et s’il savait aussi qu’il ne serait jamais vieux puisque sa mort tragique surviendra dans une 20aine d’années * rire méphistolique… même si je viens de me rendre compte que ce mot n’existe probablement pas… tant pis il est chouette quand même *
Il regarda tour à tour ses camarades de route, avant d’ajouter d’un air joyeux et (cela va sans dire) complètement défoncé :

Ne vous inquiétez pas, vous pourrez venir avec moi tous les trois !

On assista ensuite à une scène d’une euphorie sans pareille au monde. Game-boy guy sembla exploser de joie, et fit, d’une voix déformée par l’excitation (ça faisait peur un peu, oui)

OOOOOOOH TU ME LAISSERAS CHANGER TES CORDES ????

Baff un objet non identifié le frappa en plein dans le visage. Damon soupçonnait cet objet de provenir de Giulia en personne.
“Philadelphie, Lakewood, Cherry Hill, Burlington... Han ! Ils ont fait disparaître Las Vegas ! Comment on va faire ? Ils nous ont piégé, le gouvernement ne veut pas qu'on rentre à New York ! » Damon s’arrêta brusquement en plein milieu de la route, ignorant les voitures klaxonnant tout autour, cherchant désespérément une solution au fâcheux problème…
Dans un élan de grand n’importe quoi, il sortit de la voiture, ne payant aucune attention au fait qu’ils se trouvaient sur l’autoroute, et poussant ses camarades à en faire de même. Il se dirigea sur le bas côté, suivit de Giulia et du Gameboyboy (ça fait cool de s’appeler comme ça, ça fait un peu rappeur je trouve). Seule la prostituée Moldave était restée dans la voiture pour cause de coma éthylique, mais bon, ils n’en avait pas besoin de toute façon.

Un ranch, il faut qu’on trouve un ranch avec des cow boys qui nous montreront la voie

Yeeha Damon.
C’est ainsi qu’une pauvre route se retrouva avec une voiture jouant de la country à fond avec une prostituée Moldave ayant décidé de jour à la belle au bois dormant, et les occupants occupés (ahah) à élaborer des plans pour s’en sortir.

Un trognon de pomme dans la face du schtroumpf à Game-Boy plus tard, le 4x4 transportant nos quatre petits bonhommes (en mousse aha, okay je sors) s'arrêtait en plein milieu de la route, hurlant à déchirer nos pauvres tympans les paroles de Drug Store Truck Drivin' Man. Les passagers du véhicule, poussés à bout par le conducteur, sortirent un à un après avoir constaté avec horreur l'horrible réalité qui se présentait sur leurs yeux. Les Etats Unis n'étaient plus les Etats Unis mais les Etats Désunis. Figurez-vous que, oui, Las Vegas et New York avaient disparu de la surface de le terre. Paix à leurs âmes. On les aimait bien pourtant...

Un ranch, il faut qu’on trouve un ranch avec des cow boys qui nous montreront la voie.

Giulia regarda attentivement Damon. Ou elle essaya de regarder attentivement Damon, nuance. Comme vous le savez, quand il fait nuit, il fait noir. Non sérieux ? Si, si, je te le jure sur la tête de mon canard en plastique ! C'était dur de se repérer. Ils étaient à pieds, entourés par des champs de maïs (Giulia fut étonnée en voyant qu'ils n'étaient pas en plein désert) et il faisait très froid. Un peu moins de vingt degrès ? Oui si vous le dites. La jeune italienne s'apprêtait à faire un effort considérable, mais d'abord, elle fourra les mains dans les poches de son caban et le nez dans son écharpe. Oui, elle s'apprêtait à hocher la tête.
Et ils marchèrent pendant dix bonnes minutes à travers les champs et le froid. Ils accélèrent le pas quand il se mit à pleuvoir. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le schtroumpf à Game-Boy continuait à pousser des "WAAAOW" et des "WAHOOO" dès que Damon grognait. Une nouvelle fois, il s'étonna en sentant un épis de maïs le frapper à l'arrière de la tête accompagné d'un "Ferme la ou on te laisse croupir ici". Voyez un peu la diversité des menaces de Giulia. Comme on (ne) s'y attendait (pas), le gamin se tut quelques minutes.
Les trois rats des champs arrivèrent (entiers) ENFIN dans un village, qu'on qualifie généralement de "trou perdu au milieu de nulle part" ou son alternative "bled paumé au milieu de nulle part". Damon, Giulia et Game-Boy Guy longèrent une petite rue avant de se retrouver sur l'artère principale. Ou ce qui était censée être l'artère principale. Un panneau affichait Buffalo's City. Ultra recherché, il fallait l'avouer. Mais Buffalo's City avait tout de la ville de cow boys. Pas un chat dans la rue, exceptés des boules de pailles qui se laissaient rouler par le vent à travers l'avenue. En face de nos trois protogonistes, une baraque en bois qui semblait appartenir au Sherrif de la ville.
Un accordéon brisa alors le silence. Les trois têtes se tournèrent vers la droite. Alleluia, ils n'étaient pas arrivés à la Ville Fantome. Quelques minutes plus tard, c'était vers Damon, Giulia et le Game-boy killeur que les têtes se tournaient. Ils avaient tous trois fait leur entrée dans le saloon de la ville.

Ooooh vous voyez ce que je vois s'extasia Giulia en regardant tous ces types bizarres, grand sourire sur les lèvres de la jeune italienne, que c'est beau la civilisation !

Silence dans le bar. Tous les regards étaient rivés vers un homme. Damon. Tous les cowboys de la ville affichaient un air surpris. Mais surpris en bien. Comme s'ils avaient vu un revenant... D'un seul homme ils se mirent à hurler et à pousser des cris. L'euphorie les avait gagné.

J'ai déjà vu son keupain quelqu'un part... J'ai sssson nom sssour le bout de langue... Csssa y est, c'est Clintssseaswood. Clint Eastwood... Tutut c'est pas çsssa.. déclara le barman à haute et intelligible voix.

Luuuuucky Luuuuuke ! crièrent d'une même voix tous les clients du bar.

Giulia tapota l'épaule de Damon, sans doute passionné par l'euphorie générale qui l'entourait.

Tu crois que la marijuana est encore légale ici ? demanda-t-elle, prise d'un doute vu les carences intellectuelles des habitants de la ville. Non mais vraiment, confondre Clint Eastwood avec Lucky Luke, fallait vraiment être con.

OOOOOOOOOOOOOOOH ET EN PLUS TU AS UNE IDENTITE SECRETE ???? JE PEUX TE CIRER LES POMPES ?

Evidemment, une nouvelle fois, Gameboy Boy n'avait pas pu tenir sa langue, ce qui lui valut une légère frappe sur la tête suivie par un regard noir. Si ils étaient dans ce bar, ce n'était pas pour baver devant Damon non, il bavait déjà beaucoup trop devant son mirroir. C'était plutôt pour genre, retrouver le chemin vers New York. Ou Las Vegas.